« Je me suis contenté de sentir… » Baudelaire 1855

Sep 10, 2017Creative process

J’aime Baudelaire. il n’était pas seulement un incroyable poète mais aussi un passionné d’art visuel engagé. Il a notamment milité pour l’art ouvert à tous au delà du salon officiel et de l’establishment. Encore d’actualités lorsque l’on constate parfois ce réflexe d’exclusion dans le monde établi de l’art. Pour introduire cette série de Travaux en Cours que je veux partager avec vous périodiquement, je souhaite partager avec vous ce texte qu’il a écrit à l’occasion de l’ouverture de l’Exposition Universelle des Beaux Arts en 1855.

J’ai essayé plus d’une fois, comme tous mes amis, de m’enfermer dans un système pour y prêcher à mon aise. Mais un système est une espèce de damnation qui nous pousse à une abjuration perpétuelle ; il en faut toujours inventer un autre, et cette fatigue est un cruel châtiment.

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et toujours mon système était beau, vaste, spacieux, commode, propre, lisse surtout ; du moins il me paraissait tel. Et toujours un produit inattendu, de la vitalité universelle venait donner un démenti à ma science enfantine et vieillotte, fille déplorable de l’utopie. J’avais beau déplacer le critérium, il était toujours en retard sur l’homme universel, et courait sans cesse après le beau multiforme et versicolore, qui se meut dans les spirales infinies de la vie. Condamné sans cesse à l’humiliation d’une conversion nouvelle, j’ai pris un grand parti.

 

Pour échapper à l’horreur de ces apostasies philosophiques, je me suis orgueilleusement résigné à la modestie : je me suis contenté de sentir ; je suis revenu chercher asile dans l’impeccable naïveté.

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